Nous voilà à nouveau dans la foire aux propositions.

« Demain on rase gratis ». Cette expression viendrait de l’échoppe d’un barbier où, un panneau indiquant cette phrase, restait accroché en permanence. Le barbier répondait alors à ceux qui demandaient leur rasage gratuit que c’était « pour demain ». Plus tard, c’est Coluche, annonçant son programme, qui s’engageait formellement sur un point : Demain, on rase gratis, pour dénoncer les programmes de ses adversaires à la présidentielle de 1981. Eh bien, depuis cette époque, nous avons avant chaque élection présidentielle, des tenants de ce slogan et surtout des promesses. Juste pour rappel, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Voici quelques serments, sans oublier que celui d’un politique, pendant une élection, n’est pas plus valable que la parole d’un mastroquet, l’un et l’autre se portent garants de faux comptes.  Anne Hidalgo promet de doubler le salaire des enseignants : il y a aujourd’hui environ un million de personnels de l’Éducation Nationale, le coût de cette promesse est donc de 20 milliards d’euros par an ? Marine Le Pen et Arnaud Montebourg veulent nationaliser les autoroutes, mais voilà, ils ont fait des calculs plutôt particuliers : pour madame Le Pen, cela ne devrait pas coûter plus de 5 milliards, pour monsieur Montebourg un peu plus. Dans la réalité, le rachat aux sociétés détentrices des droits des autoroutes ne peut être inférieur, en aucun cas, à 50 milliards d’euros, et pour cause, nous sommes dans un état de droit, personne ne peut, normalement, spolier les bien d’un particulier ou d’une entreprise sans risque de voir sa décision annulée. Jean-Luc Mélenchon veut créer un million d’emplois publics ; encore 20 milliards, la France est déjà la championne du monde des emplois publics et de la dépense. Nous avons vu ce que donne l’hyper administration des hôpitaux, au rythme où cela va, nous aurons bientôt plus d’administratifs que de soignants dans les hôpitaux. Que veut vraiment monsieur Mélenchon ? Là est la vraie question. Valérie Pécresse veut baisser les cotisations sociales pour augmenter les bas salaires : encore quelques dizaines de milliards, même si je peux comprendre cette promesse, elle est complétement hors-sol, car les caisses des régimes sociaux ont déjà d’énormes problèmes de finances, et je crois bien plus à l’obligation de recherche d’emploi contre une indemnisation. Nous avons tous rencontré des personnes au chômage qui travaillent au noir et dont les recherches sont plutôt limitées. Dans un certain autre nombre de cas, j’ai même connu des cadres m’expliquer qu’ils allaient prendrent deux ans de vacances, et que les recherches ne commenceraient que dans 18 mois, alors que fait-on ? Mais dans la liste farfelue de propositions, il y en a une, de monsieur Zemmour, qui m’a étonné, surtout par son impossibilité : appliquer la “préférence nationale” en réservant, aux seuls Français, les allocations familiales, les allocations logement et le RSA. Donc les personnes qui sont en France de façon officielle, avec des cartes de séjour, ne pourraient pas en bénéficier. Eh bien, il s’agit d’une promesse impossible à tenir car contraire à la Constitution, qui donne aux gens en France, officiellement, les mêmes droits. Ce qui est le plus grave, c’est qu’aucun journaliste n’a relevé cette impossibilité technique. On se croirait revenus à la grande époque de monsieur Le Pen, dans les années 80, qui parlait déjà des années 60, comme si en 60 ans rien n’avait bougé dans notre pays et dans le monde.  

Je vais arrêter là, cette longue litanie de promesses en tous genres car nous sommes proches de l’abîme. Dans certains cas, c’est simplement une forme des plus spécieuses de malhonnêteté, et pas qu’intellectuelle. Mais dans d’autre cas, nous sommes sur des participants qui croient vraiment ce qu’ils avancent et là, pour moi, c’est encore plus grave, car cela signifie deux possibilités : la première, c’est la méconnaissance des textes de notre constitution, et c’est plutôt grave. La deuxième est la vision hors-sol des propositions et donc nous serons dans une forte désillusion ensuite. Je crois important de rappeler que la fin de la première année du quinquennat de monsieur Macron a été perturbée par les Gilets jaunes sur un sujet pour lequel il n’était pourtant pas responsable, puisque décision prise par le précédent président. Mais son problème a été de ne pas comprendre ce qui se passait : ce qui est probable, c’est le trop d’énarques autour de lui, de gens formés pour de beaux dessins intellectuels, mais aucun vraiment accroché à la réalité de la vie des Français, qui se sentent dévalorisés. Le prochain président, que ce soit lui ou un autre, devra prendre le temps de comprendre le pays pour le faire avancer.

La prochaine tribune dans les prochains jours.

Philippe Sallanche 2021

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