Ils sont devenus fous ! (Suite)

Dans cette deuxième partie, je vais revenir sur les « contre-tout » permanents que nous avons en France, mais aussi dans d’autres pays : c’est devenu une sorte de sport, comme ces politiciens qui profitent de la moindre manifestation pour monter au créneau, en tête de cortège, afin d’être vus aux informations de 20h. Comme ces ex-Front National qui pensent avoir le droit de laisser mourir pour simplement faire croire qu’ils combattent les institutions et se faire passer pour les meilleurs opposants, malheureusement sans se soucier de la vie humaine et de la vie collective, toujours prompts à critiquer, mais offrant des solutions plus stupides les unes que les autres. Je voudrais simplement rappeler quelques vérités,

Première vérité : l’ARN Messager est connu et a été découvert en France, à l’Institut Pasteur, depuis plus de 60 ans.

Il nous faut revenir soixante ans en arrière, à l’Institut Pasteur à Paris ; une équipe de chercheurs, Jacques Monod, François Jacob et François Gros s’interrogeaient sur les mécanismes intervenant dans la lecture du message génétique. Leurs travaux les ont conduits à la conclusion que l’expression des gènes codant ces protéines était contrôlée par des protéines régulatrices dont l’activité dépendait de la présence du sucre. Présentés début 1961 dans un article historique, cela leur valut un Prix Nobel.

Deuxième vérité : cela fait plus de 20 ans que les recherches sur des vaccins sont en cours avec de l’ARN Messager.

L’ARN Messager, grâce auquel les premiers vaccins sont en circulation pour lutter contre la Covid-19, est une technique mise au point par Katalin Kariko dans le début des années 80. Cette biochimiste d’origine hongroise a consacré sa vie à cette recherche. Arrivée aux États-Unis, la biochimiste intègre l’université de Pennsylvanie. L’université est prestigieuse, mais les travaux de la chercheuse y sont méprisés et elle est rapidement placardisée : une femme née à l’étranger dans un univers masculin où, à la fin de certaines conférences d’experts, on lui demandait : « Où est votre superviseur ? », comme si une femme ne pouvait être capable… Preuve, s’il en était encore besoin, que la bêtise humaine se retrouve dans toutes les strates de nos sociétés et c’est vraiment très dommageable pour la recherche, mais aussi tout simplement pour la vie de tous les jours.  

Troisième vérité : s’il faut plus de dix ans pour mettre au point un vaccin, là nous en sommes à 20 ans !

Alors, comment penser que des personnes qui n’ont aucune connaissance en biologie, en médecine ou en physique, peuvent remettre en question les travaux de chercheurs en trouvant que cela a été trop vite ! Comment comprendre que, dans le pays de Pasteur, autant de personnes puissent remettre en cause la recherche. Le pire dans tout ça, c’est qu’à chaque pandémie, il y a les mêmes attitudes ; en 1796, un médecin anglais, Edward Jenner, a l’idée d’inoculer une forme de variole bénigne, la vaccine, sur un enfant pour en stimuler la réaction immunitaire. Le procédé fonctionne, mais suscite dès l’origine scepticisme et crainte. Ce fut la première obligation vaccinale, qui va susciter une opposition virulente. Les adversaires invoquent le « danger » d’injecter des produits issus d’animaux, des « motifs religieux » ou l’ « atteinte aux libertés individuelles ». Comme c’est drôle, plus de deux siècles après, nous avons les mêmes revendications, ou encore, à la fin du XIXe siècle, Louis Pasteur met au point un vaccin contre la rage à partir d’une souche atténuée du virus. Mais là encore, le procédé suscite la défiance. Pasteur est accusé de vouloir faire des profits en fabriquant la « rage de laboratoire ». Là, nous voyons que ce sont les profits qui sont dénoncés, ce qui est aussi absurde qu’aujourd’hui.

Je pourrais vous donner d’autre exemple, mais mon propos n’est pas de démontrer l’incroyable continuité des réactions des publics à travers les temps, mais bien la volonté de certains de profiter des peurs pour faire croître leurs petits business politiques personnels, comme messieurs Philipot, Ruffin ou encore Asselineau, et qui confondent volontairement nos pays démocratiques et des dictatures, alors qu’aucun d’eux n’est jamais allé voir réellement ce qui se passe dans une dictature…

Prochaine tribune dans les prochains jours.

Philippe Sallanche 2021

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