La démocratie entraîne-t-elle automatiquement la trahison ?

Je me rappelle le discours de Damien Abad lors de la décision d’Éric Woerth de se rapprocher du mouvement présidentiel de LaREM ; comment comprendre que l’un des plus durs opposants à monsieur Macron, à droite, à l’Assemblée Nationale, puisse ainsi changer pour un poste ministériel ? Cette phrase : « Je n’aime pas quand on change d’équipe en cours de match », avait réagi Damien Abad au ralliement d’Éric Woerth, en dit long sur l’investissement politique et sur la façon dont les Français vont encore répercuter ce type de façon de se conduire, dans les urnes. Il est bien évident que l’on peut changer. Quand on est jeune, on a souvent des positions radicales. Ensuite, on crée une famille, alors on s’assagit, puis avec l’âge, on recherche une position dans sa famille politique en espérant que cette dernière arrive au pouvoir afin d’occuper un poste ministériel. Mais voilà, depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron, et surtout de sa volonté de ne plus avoir d’autre chose qu’un grand parti unique au centre des positions politiciennes, trop des personnels des grands partis dits de gouvernement ont migré vers ce centre, en oubliant un principe simple : nul n’est accepté quand il a trahi par la nouvelle famille, car il y aura toujours un petit reste qui indiquera aux responsables, qui a trahi, trahira encore ! Nous avons de nombreux exemples, depuis six ou sept ans, et l’arrivée dans la compétition de monsieur Macron. Ceux qui m’ont le plus touché, par les erreurs manifestes qu’ils ont commises, sont messieurs Jean-Baptiste Lemoyne qui a été le premier parlementaire Les Républicains à rejoindre En Marche mettant en exergue cette possibilité, mais devra attendre 2020 pour obtenir un poste de Secrétaire d’État. Christophe Caresche, député de Paris et chef de file des réformateurs au Parti socialiste, qui ne pouvait supporter B. Hamon, Bernard Poignant, proche conseiller de François Hollande, il ne devait plus supporter son patron, peut-être trop dilettante, Jean-Louis Bourlanges, ancien parlementaire européen, ex-président de l’UDF et essayiste.  Jean Arthuis, député européen et ex-ministre de l’Économie et des Finances, Anne-Marie Idrac, ex-secrétaire d’État au commerce extérieur de François Fillon, Jean-Marie Cavada, député européen. Toutes ces personnalités devaient espérer des postes ; l’humain est ainsi fait, pour une carte de visite, qui sait ce dont il est capable !

 Mais pour tenter de répondre à la question d’origine, la démocratie ne devrait jamais permettre la trahison, car c’est en faisant ce type de calcul qu’elle est détruite, en permettant aux populations de ne plus croire en l’engagement. Comme je l’ai déjà annoncé, s’il change de parti, un élu devrait immédiatement être déchu de ses mandats, car il a bien été élu avec une couleur politique. Changer, c’est tromper les électeurs, alors il a droit de changer, mais pas en gardant son rôle. Si vous quittez une entreprise, vous ne partez pas avec les clients, enfin normalement, sinon, d’ailleurs, vous risquez un procès. Alors aujourd’hui, pour redorer la politique, il va falloir mettre en place des actions rectificatives. Rappelez-vous Éric Woerth, alors président de la commission des Finances de l’Assemblée Nationale pour l’opposition, n’a pas démissionné de ce poste, sous des excuses vaseuses, alors que ce poste est normalement dévolu à l’opposition, dont il ne faisait plus partie. Que penser de cette façon de faire ?

Monsieur Emanuel Macron, je ne crois pas au parti unique, car un jour, il offrira la présidence à un parti d’extrême, gauche ou droite, et là ce sera la France qui perdra. 

La prochaine tribune dans les prochains jours. – Philippe Sallanche 2022

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